Avril 2024 ~ La Piña se reforme, direction le Japon !

Un mois mouvementé ! Avec la venue au Japon de mes deux amis Adriano et Bogdan pendant près d’un mois, j’ai naturellement beaucoup de matière pour ce récit ! Avant d’aborder notre voyage, je vais d’abord m’attarder sur la pleine floraison des sakura ainsi que sur le passage du mois de mars à celui d’avril.

Les sakura, symbole de l’éphémérité printanière

Je vous avais brièvement parlé du caractère éphémère des sakura, et cette année en fut une parfaite démonstration. Depuis février, l’agence météorologique japonaise nous donnait régulièrement des prévisions détaillées quant aux dates et à la durée de floraison des cerisiers sur l’archipel. Cependant, la floraison s’est fait attendre et a déjoué les prévisions en n’arrivant à Tokyo que fin mars, tout en ne durant que moins de deux semaines.

Il faut se rendre à l’évidence : il ne nous est pas possible – et nous serions bien orgueilleux de croire le contraire – de prévoir parfaitement le comportement de la nature. Si, selon moi, l’éphémérité de cette saison au Japon est si éclatante et poétique, c’est parce qu’elle échappe à toute prévision et qu’il n’y a aucune assurance de sa venue.

Parallèlement à la floraison des cerisiers et à l’avènement du printemps, le Japon change administrativement d’année. La rentrée des écoliers, des jeunes travailleurs et même l’année fiscale débutent le 1ᵉʳ avril ! Le printemps est donc, à bien des égards, une période de renouveau.

Sur le plan professionnel, le changement d’année fiscale est éminemment important, et ce fut particulièrement le cas pour moi. En effet, avant la fin de l’année fiscale, bon nombre de nos clients souhaitaient épuiser leur budget dans des prototypes. Cela transforme donc notre charge de travail en montagnes russes ! Heureusement, début avril, le rythme devient bien plus calme, une période idéale pour partir en vacances !

Les nomikai, ou en français « réunions pour boire »

Au Japon, il existe une sorte de réunion qui consiste à se retrouver au bar afin de rendre l’échange plus « amical ». Entre collègues, ces nomikai servent principalement à contrebalancer la forte hiérarchie interne. Cela se manifeste notamment dans la langue : patrons et salariés quittent le ton professionnel pour adopter un ton bien plus informel, voire amical.

Ces nomikai peuvent aussi inclure des clients ou même des concurrents, mais l’objectif est alors différent. Il s’agit d’obtenir des renseignements ou des contrats qui ne seraient habituellement pas accessibles par les voies officielles. L’alcool servant d’excuse, ces échanges d’informations sont tolérés par la culture du travail locale et validés par les supérieurs.

Début avril, j’ai ainsi pu participer à un nomikai avec mes collègues. Avec un autre VIE, nous avons accompagné nos patrons dans un bar/karaoké. Dans ce type d’établissement, il faut également payer la consommation des serveuses et serveurs, et ces derniers ne manquent pas de vous resservir après chaque gorgée ! Un piège dangereux, surtout quand on n’est pas prévenu !

Au karaoké, nous avons chanté La Bohème au plus grand plaisir des Japonais, qui furent surpris que nous ne choisissions pas Aux Champs-Élysées. Ce fut une soirée riche en éclats de rire et en cohésion, appréciée de tous !

Qu’est-ce donc que la Piña ?

Je ne vais pas entretenir le mystère trop longtemps : il s’agit du surnom de mon ancienne colocation. Lors de mes études à Toulouse, j’ai partagé un appartement pendant près de deux ans. Ces années resteront gravées en moi, tant nous avons aimé vivre ensemble et tant elles ont enrichi nos amitiés.

Avec Bogdan, nous nous connaissons depuis notre prépa à Vanves. Lorsque nous avons compris que nous allions non seulement rester dans la même ville, mais aussi suivre la même filière dans la même école d’ingénieur, nous avons explosé de joie ! Il nous a alors paru évident de chercher à vivre en colocation.

Adriano, lui, a d’abord rencontré Bogdan dès la rentrée de l’école. Nous avons immédiatement accroché et l’idée de partager un logement à trois s’est imposée naturellement.

En 2019, alors que nous étions encore colocataires, Bogdan et moi sommes partis au Japon. À notre retour, en racontant notre périple à Adriano, nous avons fait la promesse d’y retourner, mais tous les trois cette fois-ci ! Vous imaginez donc ma joie en voyant la Piña se reformer pour un mois entier au Japon ! (Bon, nous sommes passés de 70 m² à 25 m², donc ce n’était pas le même luxe… ahah.)

Ce que j’aime vraiment dans notre trio, c’est son équilibre. On dit souvent que les groupes de trois peuvent être bancals, mais ce n’est pas notre cas. Nous avons des relations différentes et incomparables : j’ai des affinités avec Adriano que je n’ai pas avec Bogdan, et inversement, tandis qu’eux deux partagent des centres d’intérêt que je n’ai pas du tout. Mais la vraie clé de notre entente, c’est notre autodérision : on ne se prend pas trop au sérieux et on se vanne énormément !

Première partie du voyage : Tokyo et ses environs

La première partie de leur voyage s’est déroulée à Tokyo et dans ses alentours. Pendant les deux premières semaines, Adriano et Bogdan partaient en vadrouille la journée, tandis que je travaillais de mon côté. Nous nous retrouvions le soir à Tokyo ou bien chez moi, à Yokohama. Comme je les hébergeais dans mon petit appartement, chaque matin, les voir traîner un peu plus longtemps au lit en sachant qu’ils allaient se balader toute la journée était quelque peu frustrant… mais je savais que j’allais bientôt pouvoir les rejoindre.

Pour notre premier week-end ensemble au Japon, nous avons pris la voiture direction Nikkō, au nord du pays (je m’y étais rendu en octobre 2023, cf. Octobre 2023 ~ Prendre ses marques). Cette ville est assez touristique, car ses magnifiques sanctuaires shintoïstes ont été ajoutés au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1999. Y aller est une excursion vraiment agréable, car on se retrouve en pleine nature, entouré par un patrimoine historique exceptionnel.

La véritable raison de notre venue dans cette région était cependant l’hébergement. En effet, nous avions réservé une nuit dans un ryōkan, une auberge traditionnelle, qui avait été, pour Bogdan et moi, le lieu de notre stage ouvrier en 2019. Nous y avions travaillé pendant environ un mois, nous occupant de la plonge, du ménage, de la préparation des lits… Bref, une vraie immersion dans l’hôtellerie ! Bogdan et moi avions adoré cette expérience, car nous étions complètement plongés dans une culture si différente, entourés de personnes formidables.

Après avoir réservé la chambre (la moins chère de l’hôtel, car ce genre d’établissement frôle le luxe), j’avais contacté la fille de la tenante du ryōkan pour la prévenir de notre arrivée. Avec Bogdan, nous souhaitions revoir les personnes que nous connaissions et les présenter à Adriano. Mais je ne m’attendais pas du tout à l’accueil qui nous avait été réservé !

À peine arrivés sur le parking avec notre voiture de location, nous avons vu la patronne sortir en courant de l’hôtel pour nous accueillir ! Je me souviendrai toujours de l’immense sourire qu’elle affichait en nous voyant. Nous étions redevenus, le temps d’un week-end, Bogu-kun et Gyussu-kun, les surnoms qu’ils nous avaient donnés à l’époque, car nos prénoms étaient trop compliqués à prononcer et à retenir ! (Le suffixe kun pouvant se traduire par « jeune homme » dans ce contexte.)

Ce fut une immense joie de pouvoir retourner dans ce ryōkan et de retrouver quelques visages familiers. Malheureusement, à cause du Covid, il y avait eu un fort renouvellement du personnel, et nous n’avons pas pu revoir tout le monde. Lorsque nous avons annoncé aux employés que nous étions désormais ingénieurs, ils étaient si fiers de nous que cela nous a profondément touchés. Je me souviens qu’à l’époque, une employée s’était autoproclamée « notre maman japonaise », et, à bien des égards, nous retrouvions un peu de cette bienveillance dans l’accueil chaleureux que nous avons reçu.

Outre le plaisir de retrouver nos anciens collègues et de profiter de leur gentillesse, ce que j’ai préféré, c’était de pouvoir montrer ce « Japon » à Adriano. Lorsqu’il m’a dit, à la fin du voyage, que cette étape avait été sa préférée, j’ai ressenti une immense satisfaction ! Ce ryōkan est l’un des rares endroits au Japon qui nous sont vraiment personnels, car Bogdan et moi y avons partagé des souvenirs inoubliables.

Il faut dire aussi qu’y passer une nuit est l’un des séjours les plus relaxants possibles. Nous étions en pleine campagne, dans un cadre paisible, avec des repas incroyables tant en qualité qu’en quantité, des onsen d’exception et un confort de sommeil incomparable !

Et nos hôtes ne se sont pas contentés d’un simple accueil chaleureux : ils nous ont aussi réservé de belles surprises ! Dès que j’ai ouvert la porte de notre chambre, j’ai compris qu’ils nous avaient surclassés sans même nous le dire. Un geste totalement désintéressé, car nous n’aurions pas pu le remarquer si nous n’avions pas fait le ménage dans toutes les chambres en 2019 ! J’ai immédiatement reconnu la chambre avec un onsen privatif… En plus de cela, ils nous ont offert nos sessions de karaoké et de ping-pong !

Enfin, avant de quitter Tokyo, nous avons eu l’occasion de sortir plusieurs fois avec certains de mes amis. J’ai pu présenter à Adriano et Bogdan le cercle des VIE lors d’un événement, ainsi que d’autres amis extérieurs à ce groupe. Nous avons aussi organisé une soirée à Tokyo où chacun a invité quelqu’un : Adriano a convié Mako, une amie qu’il connaît depuis ses études à Bologne ; Bogdan a contacté Haruka, une connaissance de 2019 avec qui il est resté en lien ; et moi, j’ai invité Christiane. Nous nous sommes retrouvés dans un izakaya en plein Shinjuku, et cela nous a permis de faire connaissance les uns avec les autres.

Road-trip dans le sud d’Honshū

Alors que je devais encore rester un peu à Tokyo pour le travail (et le nomikai dont je vous parlais plus tôt), Adriano et Bogdan sont partis à Kyoto. Je ne les ai rejoints que le lendemain.

L’un des souvenirs les plus marquants de notre séjour à Kyoto est un restaurant recommandé par Mako à Adriano. C’était un petit établissement familial spécialisé dans les okonomiyaki, une spécialité du Kansai (région d’Osaka et Kyoto). L’ambiance y était incroyable et le chef, d’une gentillesse contagieuse. Après ce repas, il est devenu l’une des mascottes de notre voyage !

Nous avons ensuite pris la route pour Osaka, en faisant une halte à Nara. Cette ville ancienne est célèbre pour le temple Tōdai-ji, un édifice entièrement en bois construit il y a 1 300 ans et abritant le plus grand Bouddha du Japon. Mais aujourd’hui, Nara est surtout connue pour… ses daims ! Adriano et Bogdan ont été surpris de voir ces animaux en liberté absolument partout dans la ville !

Après Osaka, direction Hiroshima. Nous avons évidemment visité le mémorial, mais je préfère vous en parler dans un prochain article, car quelques semaines plus tard, je suis allé à Nagasaki. Je pense qu’il serait plus pertinent d’aborder ces deux tragédies en même temps.

À Hiroshima, nous avons découvert un bar à yakitori (brochettes japonaises) tenu par un chef extraordinaire. Sa spécialité, la brochette « carbonara », était tout simplement dingue !

Nous avons ensuite poursuivi notre route en direction du parc national de Setonaikai, un archipel de petites îles reliées entre elles par des ponts comportant des pistes cyclables. L’une des activités phares de la région consiste à les parcourir à vélo, ce que nous avons tenté. Bien que la météo fût légèrement capricieuse, avec un ciel grisâtre, la température était agréable.

Ce fut une expérience mémorable, malgré une petite frayeur de ma part : en plein élan, j’ai voulu doubler mes amis en criant « Augustin prend l’intérieur ! » …, avant de manquer de peu une collision avec un cycliste arrivant en face ! Plus de peur que de mal, mais, après ça, je faisais nettement moins le malin… (Certains diraient que, de mauvaise foi, j’ai rejeté la faute sur mes amis et boudé, mais ce sont des affabulateurs, voyons !). En effet, à partir de ce jour, nous avons toujours voyagé à bord de notre cher bolide (vous aurez toute son histoire dans le prochain article) !

Avant de rejoindre l’île du sud du Japon – Kyūshū –, nous sommes allés tout au sud d’Honshū, dans la préfecture de Yamaguchi. Nous étions réellement perdus dans la campagne japonaise, avec des champs à perte de vue. C’est une région avec peu de touristes, mais aussi avec peu d’habitants en général !

Au nord de cette préfecture se trouve la mer du Japon et un magnifique sanctuaire comportant un ensemble de torii rouges (cf. Décembre 2023 ~ Premiers bilans) sur la côte. Dans ce sanctuaire, il existe un petit défi : mettre une pièce dans une boîte perchée sur un torii. Adriano s’y est essayé et a raté une fois, deux fois, trois fois… Tout cela sous les yeux des autres Japonais qui tentaient aussi leur chance et riaient de le voir galérer.

Me moquant peut-être un peu trop fort de son inefficacité, il me défia alors pour me prouver que je ne ferais pas mieux. Ni une, ni deux, je m’y attèle et… Hop ! Réussi du premier coup ! J’ai rarement autant ri !

Le soir, nous nous sommes arrêtés dans une auberge de jeunesse, choisie au hasard sur Internet… et quelle trouvaille ! L’hôte, une jeune femme vivant avec sa grand-mère, s’occupait de ce gîte à merveille. Elle savait parfaitement animer les discussions pour que chacun puisse s’exprimer et échanger avec les autres.

Bogdan, l’artiste de la bande, a même pu jouer de la guitare en duo avec elle, qui jouait du shamisen, un instrument d’Okinawa. Non, vraiment, ce lieu fut une petite perle de notre voyage.

Cela conclut la première partie de notre voyage, qui s’est achevée à la fin du mois d’avril. La suite de nos aventures sera à découvrir dans le prochain article !

Bien à vous,

Augustin Duflos de Saint Amand

4 commentaires

  • Maman

    Mon chéri,
    Tu m’as bien fait rire ! Et avec le temps que nous avons à Paris (pluie, nuage, vraiment peu de luminosité) ta newsletter est un vrai rayon de soleil. Merci.
    Maman
    PS : Tu m’as bien fait salivée avec tes brochettes.

    • Haruka

      Quel plaisir de découvrir l’histoire de votre voyage que vous m’avez racontée, cette fois à travers tes photos et tes textes qui m’ont permis d’imaginer chaque scène x) hihi
      引き続き日本での生活、応援してるよ!; )

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