Juillet 2024 ~ Un regard neuf sur un pays familier

L’article du mois de juin s’est conclu sur un suspense insoutenable ! Qui donc est venu me voir en juillet ? Je ne compte pas dévoiler ce secret dès l’introduction. Tout d’abord, je vais aborder avec vous le côté plus « sportif » de mon mois de juillet. S’il existe sept heures de décalage avec la France en juillet, ce n’est pas un obstacle suffisant pour m’empêcher de suivre assidûment l’Euro de football et les Jeux Olympiques de Paris !

Comme bien souvent, sportif par procuration !

Les compétitions sportives ont pris en tenaille la venue du personnage mystérieux au Japon. Tout d’abord, le Tour de France, mais surtout l’Euro, car juste avant de l’accueillir à l’aéroport vers 7 heures du matin, je regardais France-Portugal dans un bar de Tokyo. Un bar qui dispose de la meilleure innovation qu’un établissement de ce type puisse rêver ! Ne dit-on pas que la pertinence d’une innovation s’évalue en fonction de la frustration qu’elle comble ? Or, dans un bar, qu’y a-t-il de plus frustrant que de rater un but ou un essai ? Rien. C’est pourquoi leur idée d’ajouter des écrans de la taille d’une carte bleue sur chaque urinoir est tout simplement géniale ! (Pour des raisons évidentes, je ne suis pas en mesure de vous montrer de photo, mais je vous assure de leur existence !)

Puis, après le départ de notre voyageur mystère, les Jeux Olympiques ont débuté, et j’ai pu profiter un maximum de mon vidéoprojecteur pour admirer les exploits français ! (Parfois, hélas, au détriment des Japonais…) Dans les mois qui ont suivi les Jeux Olympiques, les Japonais n’ont pas arrêté de mentionner la fameuse « roulette » et le « vol » que nous aurions commis. En effet, lors de la finale de judo par équipes, alors qu’il y avait égalité entre la France et le Japon, un tirage au sort a eu lieu pour déterminer quels judokas allaient s’affronter pour la belle. Ce tirage au sort a été retransmis sur un écran sous la forme d’une roulette numérique et, comme le hasard fait bien les choses, c’est Teddy Riner qui a été choisi !

Même si j’ai profité du Tour de France, de l’Euro et des JO, ce fut parfois au détriment d’une partie de mon sommeil… De ce point de vue, il est bien plus pratique d’être en Europe, et de surcroît en France, pour suivre les compétitions sportives européennes. J’aurais notamment adoré pouvoir assister, comme chaque année, à une étape du Tour ainsi qu’à certaines épreuves des JO. La descente des escaliers du Grand Palais par les bretteurs devait être majestueuse à vivre sur place.

Un voyageur inattendu

Bon, il est venu le temps de vous révéler de qui il s’agit. En vérité, ce n’est une surprise que pour peu de monde, mais j’aime bien entretenir un faux suspense, c’est pourquoi je repousse encore un peu la révélation… Il s’agit de mon cousin Théodore ! J’ai été véritablement surpris par sa venue, car il a décidé de mettre de côté ce qu’il avait reçu lors de ses derniers Noëls et anniversaires, mais il a aussi fait bien plus de baby-sitting que d’habitude pour pouvoir venir me voir… et ce, à seulement 17 ans ! Il m’avait appelé alors que je venais de m’installer au Japon pour prendre des nouvelles et, au détour de la conversation, il m’avait confié ne pas savoir quoi demander comme cadeau pour Noël, car il avait déjà tout ce dont il avait besoin. À moitié sur le ton de la plaisanterie, je lui avais alors déclaré : « Viens me voir ! Fais comme moi à ton âge : demande à cumuler les cadeaux pour venir au Japon en voyage ! » Et, pour mon plus grand plaisir, il l’a vraiment fait ! Ce fut donc une immense joie pour moi de l’accueillir chez moi et de voyager avec lui.

Peut-on espérer meilleur compagnon de voyage que Théodore ? Quel que soit le lieu, l’heure ou le repas, il aura toujours des étoiles dans les yeux et s’émerveillera de tout ! Avoir un puits sans fond de bonne humeur comme lui à ses côtés permet de puiser soi-même dans un émerveillement contagieux. Je me suis maintes et maintes fois surpris à redevenir un enfant devant les charmes de ce pays que j’aime tant. Avant que nous partions ensemble de Tokyo, il a voyagé quelques jours seul dans cette mégalopole, car je travaillais la journée. Je crois savoir qu’il a pris beaucoup de plaisir à explorer la ville par lui-même et à faire des découvertes en solo. Nous avons tout de même pu partager quelques activités avant notre départ. Ainsi, je le rejoignais à Tokyo en début de soirée pour aller dans un rooftop donnant sur la skyline de Tokyo ou bien pour assister ensemble à un rassemblement de voitures, comme dans le film qu’il aime tant, Tokyo Drift.

Un voyage fabuleux

Nous avons commencé notre périple hors de Tokyo par la ville de Nagoya, où nous sommes allés au parc à thème du Studio Ghibli. Ce studio d’animation japonais est mondialement connu pour ses films et l’un de ses réalisateurs emblématiques, Hayao Miyazaki. Ce parc fut extraordinaire pour nous ! Beaucoup de scènes de nos films favoris y étaient reproduites à l’identique, et l’atmosphère était totalement fidèle à ce que nous connaissions. Étant tous deux de grands amateurs de ce studio, nous avons adoré la visite et avons dû résister à la tentation de dépenser des mille et des cents dans leur boutique.

Nous avons ensuite pris la route vers un village « traditionnel » japonais connu pour ses toitures en chaume et leur forte inclinaison : le style gasshō-zukuri. Ce fut pour moi l’occasion de présenter à Théodore ce qu’était un ryōkan. Comme il comptait s’orienter vers l’hôtellerie (ce qui est désormais chose faite !), découvrir ce style si particulier d’hébergement et de gastronomie me semblait intéressant pour lui. Entre la découverte du kaiseki, un repas gastronomique japonais où s’enchaînent une multitude de plats préparés avec des ingrédients locaux, l’expérience des onsen, et surtout le port du yukata, ces kimonos d’été, il était aux anges !

Puis, direction Kyōto, ville qu’il a beaucoup aimée ! Nous y étions lors du Gion Matsuri, le plus grand festival de la ville. Il y avait donc énormément de monde, mais grâce à mon expérience accumulée au fil de mes nombreux séjours dans la capitale millénaire, je commence à bien maîtriser les itinéraires et les horaires. Nous avons donc pu éviter les hordes de touristes et apprécier pleinement les temples et les merveilles de Kyōto. J’ai également fait découvrir à Théodore un horloger kyotoïte fantastique : Kuoe. J’y avais acheté une magnifique montre lorsque j’étais venu avec la Piña en avril. Cette marque offre, à mon avis, l’un des meilleurs rapports qualité-prix du marché. Après de longues hésitations, Théodore a craqué pour un modèle sublime… et moi, contre toute attente, je n’ai finalement pas pris le modèle cousin. Peut-être plus tard…

Nous avons ensuite fait un détour par Nara, où nous avons célébré une première fois son dix-huitième anniversaire dans un petit café. Le soir, à Osaka, je l’ai emmené chez un maître sushi où nous avons pris un menu omakase. Ce fut sans doute l’un des repas les plus incroyables qu’il m’ait été donné de déguster. Notre enthousiasme était tel que cela faisait visiblement plaisir au chef de nous servir. En comparaison, les autres clients semblaient presque blasés devant l’extase qu’ils avaient sous les yeux ! Le chef, lui, affichait un grand sourire en nous voyant apprécier chaque bouchée.

Finir le voyage en apothéose

Alors que la date fatidique de la fin du voyage se rapprochait dangereusement, nous n’étions pas tristes pour autant, car deux événements que nous attendions de pied ferme approchaient également ! Le premier, je l’avais organisé à la suite de la demande de Théodore, sans trop savoir à quoi m’attendre. Il s’agissait d’un tournoi de catch à Osaka ! Mon cher cousin est fan de catch depuis son enfance, et quand il a su qu’une compétition se déroulait durant son séjour, il m’a demandé si nous pouvions y assister. Devant son enthousiasme et ses explications passionnées, je me suis laissé embarquer… et j’ai beaucoup aimé ! Une fois plongé dans l’ambiance, on se prend au jeu, et ce fut un réel plaisir de partager ce moment avec lui. Il faut savoir que le catch Japonais est le troisième plus connu après le catch Américain et la Lucha Libre au Mexique !

Puis, nous sommes rentrés à Tokyo, et avant son départ, nous avons fait un dernier détour par Kamakura pour profiter des plages japonaises et nous baigner. Je ne l’ai pas précisé, mais tout le voyage s’est déroulé sous une chaleur atroce ! L’humidité et la température nous fatiguaient énormément, et savoir que nous allions enfin pouvoir nous rafraîchir dans l’océan était une véritable délivrance. Par ailleurs, comme souvent, les Japonais ont un sens de la praticité impressionnant. À Kamakura, tout est prévu : pas de problème de douche, de bagages ou de repas. Le long de la plage, de petits cabanons permettent d’accéder à tous ces services sans difficulté. À la nuit tombée, nous avons conclu notre voyage par une activité très populaire au Japon : allumer des feux d’artifice sur la plage !

C’est ainsi que s’est achevé le séjour de Théodore, qui fut pour moi une véritable bouffée d’air frais. Le voir apprécier pleinement le Japon et exprimer son envie de revenir un jour m’a fait réaliser combien j’ai eu de la chance de pouvoir vivre deux ans ici. Son départ fut certes un déchirement, mais je ne le remercierai jamais assez d’être venu me voir. Le mois prochain, ce sera moi le visiteur, et non plus le visité !

Bien à vous,

Augustin Duflos de Saint Amand.

2 commentaires

Répondre à Titaude Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *