Décembre 2023 ~ Premiers bilans

Vous me voyez très heureux de vous écrire ce nouvel article sur le mois de décembre 2023 de mon aventure nippone. Vous l’avez évidemment remarqué, une nouvelle fois j’ai « pris mon temps » et je remercie tous ceux qui m’ont témoigné leurs regrets de ne pouvoir me lire. C’est à la fois très gratifiant pour moi de me rendre compte que tant de gens suivent ce que j’écris ici, et en même temps je ne veux ni vous ni me décevoir en bâclant mes articles. Je vous assure une nouvelle fois que tous les mois seront couverts, néanmoins je ne peux vous assurer une régularité de publication digne d’une véritable revue mensuelle.

Ce mois de décembre fut un mois qui était sous le signe des vacances puisque j’ai pu prendre mes tous premiers congés ! Je suis donc parti dans un premier temps à Kyoto pour quatre jours puis je suis rentré en France pour la fête de Noël.

Un mois festif

Le mois de décembre a débuté – comme chaque année – par mon anniversaire. C’était un dimanche, donc à la sortie de la messe je suis parti le fêter avec le groupe des jeunes de l’aumônerie dans un restaurant de sushis. Ce fut pour moi une joie que de pouvoir fêter mon anniversaire avec eux comme cela. Seul point, … étrange, ce fut la famille Japonaise attablée en face de nous. En effet, bien que tout paraissait pour le moins ordinaire deux détails ont attiré mon attention. Tout d’abord, leurs vêtements. Bien que classiques ils étaient habillés d’une façon assez grave pour aller à un restaurant par ce beau dimanche de décembre. Le second point c’est le nombre de sièges. Ils étaient 5 sur une table de six, jusque là rien d’anormal, mais la sixième place n’était pas vide car un cadre d’une personne âgée y était posé. Immédiatement j’ai donc compris qu’il s’agissait du portrait d’une défunte et donc que la crémation (unique façon légale d’enterrer au Japon) avait eu lieu avant ce repas ou allait avoir lieu après. Je dois donc vous confesser qu’à la vue de cette scène je me suis pris en pleine figure le décalage culturel !

Avec mes collègues VIE j’ai choisi de fêter mes 25 ans à un évènement de bières belges. Si j’apprécie très fortement les bières japonaises car sont tout à fait désaltérantes et agréables à boire, elles ne partagent pas avec les bières Belges la même puissance en bouche. Ainsi pour un amateur de bière comme je le suis ce fut une excellente soirée!

Voyage à Kyoto

Durant ce mois de décembre j’ai eu l’opportunité de poser deux jours de congés pour pouvoir partir à l’occasion d’un week-end prolongé à Kyoto !
Lors de mon tout premier voyage au Japon, je me suis rendu avec mon père à Kyoto et ce fut la ville que nous avions le plus appréciée. Cependant, alors qu’en 2017 je trouvais déjà qu’il y avait beaucoup de monde aux endroits touristiques, c’est aujourd’hui bien pire. Avec la réouverture des frontières en octobre 2022 le nombre de touristes a encore augmenté. Ainsi, je suis parti pour Kyoto en me disant qu’il me fallait visiter de façon « décalée ». Décalée au sens de visiter très tôt et tard les sites les plus connus et profiter de la ville d’une autre façon aux heures pleines avec les lieux moins connus.

L’un des lieux que je souhaitais à nouveau visiter était le fushimi inari jinja, un sanctuaire shintoïste connu pour ses dix mille torii, ce qui peut se traduire en dix milles portes. Ces « portes » représentent dans la symbolique shintoïste la séparation entre le monde « physique » et « spirituel ». Comme beaucoup de lieux, pour en apprécier pleinement son caractère mystique il faut éviter la foule. J’avais donc pris la décision de venir avec un bus de nuit partant de Yokohama le vendredi soir et donc arriver à Kyoto vers 6 heures. Je suis donc arrivé au sanctuaire suffisamment tôt pour être quasi seul. Même comme cela je n’étais pas seul donc je ne peux que déconseiller d’y aller après 9 heures.

En effet, en repartant vers neuf heures, le sanctuaire se remplissait déjà grandement. Il me semble que l’une des clés pour apprécier son séjour à Kyoto est de ne pas hésiter à se rendre à des endroits moins plébiscités. Lorsque l’on sait qu’il y a plus de mille temples à Kyoto, même si tous ne se valent pas, très peu, si ce n’est aucun, ne justifient de se noyer dans la masse informe de touristes. Surtout que l’on peut compter sur les doigts d’une main les endroits que la plupart privilégient. Je pense que l’on a hélas tendance à trop négliger les conditions dans lesquelles nous visitons un lieu. Nous pensons toujours à la météo comme paramètre influant la visite mais c’est pourtant ce que l’on peut le moins contrôler ! Alors que les horaires, quels lieux, avec qui, la densité de lieux visité, tout cela participe grandement à l’expérience vécue sur place ! C’est comme cela que je vois Kyoto, une ville magnifique mais d’autant plus quand on sait la visiter et l’apprécier.

La période de ma visite à Kyoto correspondait à la fin de la saison des momiji, la saison automnale où les arbres sont couleur « feu ». J’ai pu donc profiter à Kyoto d’une ambiance féerique !

J’avais donc une autre alternative pour profiter sans être noyé dans la foule, c’était de sortir légèrement de Kyoto pour visiter des sanctuaires dans la montagne. Je me suis donc rendu dans un village limitrophe nommé Kurama Onsen. J’ai pu donc voir des temples méconnus mais aussi faire une randonnée complètement seul avec comme compagnons des biches et singes en liberté ! Comme quoi lorsque vous marchez en montagne n’oubliez pas de perdre la notion du temps, et surtout d’écouter et regarder la vie autour de vous !

Avant de clôturer ce passage sur mon voyage, il faut que vous sachiez que j’avais axé ce séjour au travers de l’artisanat. L’idée était de visiter le plus d’ateliers ou de magasins d’antiquités. En effet, l’idée était de faire du repérage pour des futurs achats… Que peut-on trouver de plus authentique qu’une œuvre artisanale ? Ainsi, au travers de ce prisme, j’ai été amené à me rendre à divers endroits tout autour de Kyoto et, par là-même, j’ai pu expérimenter Kyoto différemment. Par exemple je me suis rendu dans l’atelier d’un teinturier spécialisé dans le Japan blue une couleur magnifique. J’ai donc pu pour trois fois rien tenter de réaliser « mon » œuvre. J’ai donc calqué une geisha et une branche de fleurs sur une toile blanche avec une sorte d’huile. Une fois l’huile séchée nous l’avons laissé s’imbiber dans un bac de teinture puis nous l’avons lavé et repassé.

Une autre facette de l’artisanat Kyotoïte : ses cafés incroyables. Je ne compte pas décrire de façon exhaustive chacun des cafés, donc je vais me concentrer sur celui qui m’a le plus marqué. De l’extérieur vous pourriez penser qu’il s’agit d’une simple cabane, ou bien d’un atelier mais pas d’un café ! C’est lorsque vous entrez que vous vous rendez alors compte de combien ce lieu est magique. Imaginez plutôt, une maisonnette tout de bois faite si petite qu’il n’y a à peine plus de place que celle que le comptoir prend. Bien que le café soit comble, tous préfèrent murmurer que de n’être la fausse note sur la partition que joue pour nous l’homme au comptoir. Ce n’est pas un serveur mais un artisan, qui prépare avec précision chaque commande et ce sans un seul geste de trop. Lorsqu’il n’a plus de commandes en attente vous pourriez vous dire qu’il prend donc une pause, mais il vous surprend en s’attelant à la vaisselle ou bien l’inventaire et ce comme si cela avait été écrit. Est-ce une réelle partition ou bien est-il en pleine improvisation ? Soudain, alors que vous détournez les yeux pour apprécier pleinement le café qu’il vous a préparé, vous apercevez cet artiste se raidir et abandonner subitement son poste ! En effet, son métronome s’est arrêté, il le relance donc en changeant le disque vinyle par un autre, c’est par cette mélodieuse musique de Jazz qu’il était jusqu’alors rythmé.

Comme vous l’avez compris je suis réellement tombé sous le charme de ce lieu, et je pense que voir quelqu’un d’aussi impliqué dans son travail, en tentant de le réaliser du mieux qu’il le peut, cela m’a réellement ému. Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ce genre de scènes au Japon et je pense que si je devais ramener quelque chose en France d’ici, ce serait cette application. C’est pourquoi je ne veux oublier cet après-midi, pour ne pas perdre de vue cet objectif personnel.

Un séjour à Kyoto qui fut bref mais véritablement reposant car j’étais à mon rythme et que je savais écouter lorsque j’avais besoin de d’avantage me reposer. J’ai plus de mal à me comporter comme cela en groupe car je ne peux pas prendre uniquement en compte mon état de forme, il faut penser au groupe entier. Cela me semble plus juste d’agir comme cela car si personne ne pense pour le groupe, qui le fera ? Néanmoins, il m’est évident que je ne peux et ne dois pas avoir ce comportement tout au long d’un voyage en groupe sinon je ne peux pas profiter et que je m’épuise en deux jours !

Retour en France

Lors de la seconde partie du mois de décembre j’ai fait le choix de rentrer en France. Cela m’a permis de fêter Noël en famille ce qui me tenait vraiment à cœur. Il m’était difficilement imaginable de rester au Japon à Noël la première année. Je savais que je n’aurais pas été seul, mais cela m’était trop dur de ne pas rentrer à cette période. Si j’étais resté je l’aurais donc passé avec les jeunes de l’aumônerie mais l’ambiance au Japon lors des fêtes est si différente que cela aurait été un très fort choc culturel.

Au Japon, juste après Halloween, toutes les villes se transforment. Elles deviennent à coup de guirlandes, illuminations, publicités, des villes quasi « factices » car à mes yeux cela sonne faux. Le jour même de Noël n’est pas passé en famille mais en couple et la plupart réservent – jusqu’à plusieurs mois à l’avance – des places dans des restaurants. La coutume la plus étrange, et qui témoigne combien c’est la publicité qui conditionne la conception de Noël au Japon, c’est d’aller acheter le soir de Noël du poulet dans le Fast Food KFC.

Le nouvel an ce passe davantage en famille avec pour tradition d’aller au temple pour la première prière de l’année.

Lors de mon retour en France j’en ai profité pour évidemment revoir ma famille, qui je dois l’avouer m’avait grandement manquée. Cela m’a également permis de me rendre compte que j’étais réellement parti pour un an et donc que ma vie en France avait été mise sur pause. A Paris je me suis surpris à visiter les musées, à aller au restaurant comme si je n’étais pas Français. Je ressentais comme une nostalgie émerveillée car je me rendais compte de la valeur à mes yeux de tel plat, de tel lieu. Je vous demande en toute amitié de ne pas me juger, mais je dois vous confesser que l’une des choses qui m’avait grandement manqué était de pouvoir goûter à un réel kebab. Quelle joie donc que d’y aller avec Édouard !

Par ailleurs, je suis parti pour Bruxelles avec Bogdan durant deux jours juste après Noël. Ce fut vraiment excitant que de pouvoir visiter pour la première fois Bruxelles et découvrir la culture Belge ! Je dois avouer que je garde un très bon souvenir de la dégustation de bières à laquelle nous avons participé là-bas.

Cependant sur le trajet du retour j’ai goûté à la joie des transports avec Flixbus et mon bus est tombé en panne sur l’autoroute… Je n’ai donc pas pu rejoindre Marseille à temps pour le nouvel an, c’est pourquoi j’ai changé mes plans au dernier moment.

Bilan de mon année 2023

Quel fut donc le bilan de mon année 2023 ? Plus ou moins consciemment je fais régulièrement des bilans de ma journée, de ma semaine, et évidemment de mon année. Je pense que c’est assez sain d’essayer de poser des mots sur ce que l’on a vécu pour à la fois le matérialiser mais aussi et surtout pouvoir apprendre de cela. Et à vrai dire, 2023 a été pour moi une année vraiment très intense !

Professionnellement parlant je pense retenir deux points majeurs. Tout d’abord j’ai eu l’opportunité chez Liebherr de pouvoir mettre le doigt sur ce que j’apprécie du point de vue technique et quelle place je pouvais prendre dans un projet industriel. Par la suite, au Japon, j’ai découvert ce que signifie travailler dans un contexte international et cela me plaît grandement.

Sur un plan plus personnel, j’ai été heureux de continuer à développer de belles amitiés à Toulouse, puis au JMJ avant de partir au Japon et donc rencontrer de nouvelles personnes. Spirituellement; ce fut les montagnes russes pour moi cette année ! Le premier semestre fut rythmé par une vie spirituelle bien réglée avec de nombreuses propositions à Toulouse : EVEN, les adorations, le printemps missionnaire ainsi que certains événements comme Ecclesia Cantic puis comme en apothéose les JMJ à Lisbonne. Ce premier semestre 2023 j’ai vraiment beaucoup reçu et donc en arrivant au Japon alors qu’il fallait que ce soit désormais moi qui participe à donner cela m’a décontenancé au début. Je pense que c’était finalement essentiel que de me rendre compte de la réelle valeur de ce que j’avais pour pouvoir davantage l’apprécier et aussi ne pas oublier également de donner et de servir les autres.

En elle même l’année 2023 est comme un bilan, ou plutôt une transition entre deux périodes charnières de ma vie. Un bilan de mes années à Toulouse en tant qu’étudiant et jeune professionnel pour enchaîner sur mon VIE au Japon. Partir au Japon comme vous le savez bien a toujours été pour moi plus qu’un objectif. De fait lorsque je rentrerai en France à bien des égards je reviendrai changé. D’une certaine façon je me demande si ce désir de partir si loin, cette aventure nippone, ne s’apparente pas pour moi à un « rite de passage », une épreuve permettant de me juger digne d’assumer plus de responsabilités pour avancer dans ma vie d’un pas décidé. C’est au travers de toutes les difficultés que je traverse ici au Japon que je me découvre et que je me rends compte de ce qui m’est possible ainsi que mes limites.

Lorsque j’ai fait ce bilan je me suis rendu également compte que ces quatre mois passés au Japon avaient été comme deux semaines tellement je me suis épanoui. Je pense que l’un des secrets de cet épanouissement rapide au Japon était mon état d’esprit avant de partir. En effet, peu avant mon départ alors que je revoyais des amis je me suis surpris à penser « Merci d’avoir pu vivre tout cela et partir au Japon comme cela. »

J’espère que malgré les mois de retard je n’ai pas oublié comment écrire mes articles et surtout que vous les apprécierez toujours !

Bien à vous,

Augustin Duflos de Saint Amand.

14 commentaires

  • de Saint Amand

    Mon Augustin,

    C’est toujours une joie de te lire.

    Ton aventure nippone est passionnante et nous permet de voyager avec toi au travers de tes photos.

    Ton oeuvre artistique est très belle !

    Maman qui t’aime.

  • Amaury Duflos de Saint Amand

    Mon cher Augustin,

    merci de cette lettre dont le fond n’a rien à envier à la forme!

    Le fushimi inari jinja que nous avions visité ensemble au printemps, alors entouré de sakuras, prend une nouvelle dimension lorsque les couleurs automnales viennent le parer d’atours rougeoyants …

    Affections parternelles

    • Augustin

      Merci papa, je dois avouer que la forme doit s’améliorer pour ce qui est des fautes d’orthographes ! Vous avez tout à fait raison, le Japon et particulièrement Kyoto se sublime par ses parures saisonales !

  • de Poncheville

    Merci et Bravo mon chéri pour ce beau reportage et des photos magnifiques. Je suis heureuse de pouvoir partager tout ce que tu fais et que tu vis. Je t’embrasse très fort

  • Tonton nikoko

    Cher Augustin,
    Quel plaisir de partager avec toi ce magnifique périple ! Oui, le voyage forme la jeunesse, l’ouvre sur le monde, l’ouvre sur les autres ; pour frôler la seule véritable différence entre les hommes – la culture. C’est Levi-Strauss qui serait fier de toi. Tu rentreras différent et mature. Cela se lit, cela s’entend et cela se sent.
    Désolé pour le coté « si tu peux …. alors tu seras un homme mon fils « . L’important c’est de capter le beau, l’avenir est aux contemplatifs !
    fushimi inari jinja… que de souvenirs. je me souviens de Théodore qui courait sous les tori protecteurs et infinis…Cet endroit est si particulier.
    Bon périple nippon Tintin !
    Et merci d’oublier les victoires répétées du TFC et, pire encore du stade. J’espère une finale entre les deux stades !

    • Augustin

      Du fait du retard de ma réponse, je peux donc déplorer une finale avec un seul stade ! De plus, Théodore a une nouvelle fois pu profiter des torii, j’ai hâte d’écrire l’article de Juillet !

      Enfin sur vos commentaires plus philosophiques, effectivement je vous rejoins totalement ! Un an déjà et je suis quelqu’un de tellement différent ! Plus le temps passe plus j’apprends à me connaître et à comprendre que ce séjour au Japon va forger qui je veux être à mon retour.

      Merci pour ce message si pertinent une nouvelle fois !

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