Mars 2024 ~ Vapeurs d’onsen et éclats de printemps

Le mois de mars au Japon est l’un des mois de transition par excellence entre l’hiver et le printemps. Selon l’endroit et le moment, il est possible de se balader en chemise par 20°C dans un parc à Tokyo et de se prélasser dans un onsen enneigé à seulement quelques heures plus au nord. Un mois donc contrasté, mais aussi traître ! En effet, cette instabilité peut nous affaiblir face aux virus toujours présents à cette période de l’année.

Kusatsu Onsen

Avec deux amis de l’aumônerie, Ombeline et Grégoire, nous sommes partis début mars dans un village à onsens situé dans les « Alpes japonaises ».

Qu’appelle-t-on un village à onsens ? Il s’agit d’un village possédant des sources chaudes naturelles. Ces sources, issues de l’activité volcanique de la région, sont très riches en soufre. Pour acheminer cette eau à tous les hôtels et établissements proposant des onsens, un vaste réseau de distribution est mis en place depuis la source. On pourrait définir un onsen comme un bain thermal japonais. Les Japonais y vont pour se détendre et profiter des vertus thermales de cette eau volcanique. Lorsque je parle de sources chaudes, il faut bien insister sur le mot chaudes, car certains onsens ont une eau pouvant atteindre une soixantaine de degrés.

Ce qui nous a le plus marqués en arrivant à Kusatsu Onsen, c’est l’odeur. En effet, l’eau étant refroidie à l’air libre, le soufre contenu dans celle-ci dégage cette fameuse odeur d’œuf pourri, assez déconcertante. Outre le fait de refroidir l’eau en laissant une partie des canalisations ouvertes, une technique traditionnelle consiste à l’aérer dans un bassin à l’aide de planches de bois servant de « cuillères ». Comme pour le café, il s’agit de « touiller » l’eau pour faire baisser sa température. Nous avons pu assister à une démonstration, et ce fut bien plus impressionnant et élégant que ce que nous imaginions. Par ailleurs, cette cérémonie est rythmée par une musique qui guide les gestes des participantes.

Le soir venu, nous sommes allés nous promener dans un parc non loin de notre hôtel. Début mars, il y avait encore de la neige et le contraste avec la chaleur dégagée par l’eau créait une ambiance féérique. L’éclairage était remarquablement bien pensé, car la vapeur d’eau était sublimée par celui-ci. Ce parc contenait des ashiyu, ou littéralement bains de pieds. Il s’agit de la même eau que celle des onsens, avec les mêmes vertus curatives et relaxantes. Après une journée de marche et par un froid mordant, ce fut un réconfort insoupçonné, que nous n’espérions même pas ! Ce simple bain de pieds a transformé la fin de notre après-midi, car il nous a redonné l’énergie et le courage nécessaires pour poursuivre notre balade et décider d’aller au onsen extérieur situé au fond du parc.

Je ne l’ai pas précisé plus tôt, mais dans un onsen, vous ne pouvez pas être habillé : il faut d’abord se doucher, puis entrer nu dans le bain. Ainsi, vous comprenez bien que les femmes et les hommes sont séparés et que les onsens extérieurs n’ont pas de vis-à-vis. Vous pouvez donc en profiter pleinement et sans inquiétude.

Personnellement, je trouve que la meilleure façon de profiter d’un onsen est d’y aller par temps froid et de choisir un rotenburo (onsen extérieur). La chaleur est alors plus supportable grâce à la fraîcheur de l’hiver, et le contraste entre la température du haut et du bas du corps est étonnamment reposant. Il faut tout de même préciser que la nudité n’est pas du tout perçue de la même manière au Japon et en France, tant qu’elle s’inscrit dans un contexte approprié.

En sortant de ce onsen, nous avons été surpris par des bruits de feux d’artifice. Quoi de mieux pour conclure notre journée qu’un feu d’artifice magnifié par les vapeurs d’eau ?

Le lendemain, nous avons fait de la tyrolienne au-dessus des pistes et avons profité un peu de la ville avant de repartir. Nous avons même goûté des œufs cuits dans l’eau des sources chaudes !

De manière générale, ce voyage à Kusatsu Onsen fut l’un de mes préférés au Japon, car je ne connaissais absolument pas cet endroit. En y allant sans aucun a priori, j’ai été émerveillé par ce lieu et son atmosphère.

Rugby

Tout début mars, mes collègues et moi avons été invités par Honda à assister à un match de rugby de leur équipe contre celle des Yokohama Eagles. Bien que j’habite à Yokohama, je soutenais Honda, et pas seulement par politesse envers notre client, mais aussi parce que l’un des joueurs de Yokohama est une figure bien connue… Faf de Klerk, célèbre pour avoir été l’un des bourreaux du XV de France en 2023, lors de notre affrontement contre l’Afrique du Sud !

Suivant le Top 14 et les compétitions internationales, je dois avouer avoir été surpris par le faible niveau du match… Ou alors, j’étais simplement peu objectif en assistant à l’humiliation de l’équipe de Honda par Yokohama : 50 à 21 !

Pâques

Étant en mars au Japon, j’ai tout naturellement fêté Pâques avec la communauté française. Nous avons été ravis de constater que, lors de la messe du dimanche de Pâques, l’église était bien plus remplie qu’habituellement !

Le samedi soir, après la vigile, nous sommes allés dîner avec Grégoire et Colin dans un bistrot français proposant un seul menu : un menu omakase. Cela signifie que c’est le chef qui décide des plats en fonction des ingrédients dont il dispose. C’est, en somme, un restaurant avec uniquement un menu du jour. Lorsque ce type de menu est proposé dans un restaurant avec d’autres plats, il est souvent le plus cher, mais aussi le meilleur. Ce dîner fut tout bonnement extraordinaire ! Les plats français étaient magnifiquement revisités et préparés avec des ingrédients de grande qualité. Par ailleurs, le restaurant proposait parmi ses bouteilles un Calvados vieilli avec une pomme entière ! Bref, ce fut une agréable façon de sortir du carême et de fêter Pâques !

Le lendemain, nous avons organisé un pique-nique paroissial, ce qui nous a permis de faire la connaissance de nouvelles personnes pour l’aumônerie ! Nous étions fin mars, mais le climat nous fut clément, et ce fut très agréable de déjeuner au soleil.

Pêle-mêle

Qui dit mars, dit début du printemps, et donc début de la floraison ! Fin mars marque la floraison des cerisiers, mais aussi celle d’autres fleurs comme la Camellia Japonica. La nature reprend ses droits !

Nouvelle saison florale, donc végétale, et donc culinaire ! J’ai ainsi pu me préparer de belles assiettes de tomates-mozzarella fin mars ! J’ai également apprécié les légumes de saison à travers les restaurants que j’ai visités. Par exemple, dans un restaurant teppanyaki, où toutes les cuissons sont réalisées sur des plaques chauffantes devant vous. Le cuisinier, en plus de préparer les plats, assure le spectacle en jonglant avec ses ustensiles. D’un point de vue purement culinaire, c’est un type de restaurant très intéressant, car les viandes utilisées sont souvent de très grande qualité et leur cuisson sublime leur goût.

Mars fut donc un mois de transition très agréable, marqué par la floraison des sakura et l’arrivée imminente de mes anciens colocataires !

Bien à vous,

Augustin Duflos de Saint Amand.

5 commentaires

  • Maman

    Que d’aventures et de très belles photos !
    Merci de nous les partager avec autant d’humour.
    C’est toujours un régal de te lire et j’attends déjà ta prochaine newsletter dans 15 jours !
    Maman qui t’aime !

  • Père Gilles Morin

    Merci pour la relation illustrée de tes voyages et découvertes au Japon. C’est vraiment enrichissant non seulement pour toi mais aussi pour nous qui te lisons. Tu sais que par-delà les distances qui nous séparent, je ne t’oublie pas dans mes prières. Mille bénédictions du ciel sur toi et tes amis. Père Gilles Morin

  • de Poncheville

    Bravo mon chéri, que c’est agréable de te lire. J’attends avec impatience la suite…Je t’embrasse très fort
    Bonne maman

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